L’écriture fait que je me sens LIBRE ! La liberté, la sensation d’être moi-même sans limites. En écrivant je peux tout dire ! Par l’écriture j’exprime et je réalise mes désirs. Et je désire aussi. Grâce aux petits signes posés sur le papier mes désirs naissent, ils sortent à la surface, ils sont dits. La page du papier est-elle vivante-transparente, magique, ensorcelé ? Ou c’est la plume avec l’encre noire qui catalyse les lettres et produit les mots-images ?
Oui, dans mon écriture tout est possible ! Je sais voler dans le ciel et plonger dans les profondeurs les plus sombres d’océans. Je suis pilote d’un avion et pêcheur de perles là où elles ne sont pas. Je les invente mes perles et je les sors des abîmes inexploitées. Tout dépend de moi, de mon imagination. Je crée ! Je saisis la chance. Je peux tout plier à ma volonté. Comme par magie, tout se fait tout seul, en douceur, avec enchantement, sans effort.
Le monde entier est dans mon crâne. Elle est ronde comme une sphère : la Terre Impossible ? Les nouveaux continents sortent de ma tête, les villes inconnues, les paysages frais, ou déjà vus, personnages entiers, inédits se bousculent. Sous mon front je rencontre des gens « inracontables ». Les chemins éloignés fusions. Inexistant se caché dans les interstices de mon cerveau. Le futur devient présent, il est réel. Ce qui est merveilleux pour moi dans l’écriture, c’est de faire à l’envers. Du futur vers le présent et non du présent vers le futur. C’est enivrant, comme une drogue !
Dans les histoires d’Arthur Bonaventure et de La Nature est-elle bonne, c’est le jugement de valeurs qui est mis en cause. Le « bon » peut devenir « mauvais » et vice versa. Les entreprises d’Arthur, au premier coup d’œil, impossibles et improbables, sont faites de morceaux du réel. Réalité quelconque. C’est leur mise en page, leur composition, leurs fusions qui font que l’impossible devient probable, réel, vrai. Changement de point de vue et... l’improbable devient réel, tout à fait correct, grotesque à la fin. Changement de code, d’horizon et le merle blanc devient banal.
Mon écriture c’est ma balançoire, qui me permet de changer de la hauteur. Le mouvement de va-et-vient, de réel vers irréel. Quelle position est la vraie ? Sur place, statique ? Non, la statique m’ennuie ! Je pousse mon corps en avant et en arrière. J’accentue le mouvement avec mes bras, mes jambes, ma tête et mes pieds. Mouvement de la pendule. La recherche l’équilibre, ou la quête du déséquilibre ? Non. Le mouvement, l’équilibre dans le mouvement : rythme, changement, spirale, énergie. Ça vient des profondeurs, des grottes, des premiers hommes. Premiers dessins, c’est ça mon écriture. Paléo-écriture. Comme j’écris, je me sente sorcière, chaman qui danse et qui dessine à la lueur des torches. Les pigments sont les mots. Les formes des animaux, des phrases. Les scènes magiques fixées sur les parois rocheuses sont des histoires, hors du temps.